Titanic: La controverse du navire fantôme
Durant les deux commissions d’enquête, un fait intrigue. Plusieurs passagers et membres d’équipage rescapés mentionnent en effet les feux d’un navire mystérieux qu’ils n’ont pas réussi à atteindre. Il semble même pour certains que le navire se soit finalement éloigné et ait disparu. Un navire, le cargo Californian de la Leyland Line se trouvait en effet dans les environs. Son opérateur radio, Cyril Evans, avait même prévenu le Titanic, vers 23 h 30, de la présence d’un champ de glaces qui l’avait forcé à stopper. Cependant, rabroué par l’opérateur du Titanic, Jack Phillips, Evans avait coupé son émetteur et n’avait reçu aucun des messages de détresse du navire naufragé. Le Californian n’apprend de fait la nouvelle qu’au petit matin, et se rend du mieux qu’il le peut sur les lieux du naufrage. Lorsqu’il arrive à New York, son équipage est dans un premier temps félicité pour son comportement héroïque, qui n’a pas porté ses fruits par cause de malchance.
Pendant l’enquête du sénateur Smith, cependant, un chauffeur du Californian, Ernest Gill, fait une déclaration à la presse. La nuit du naufrage, il était sorti fumer sur le pont et avait aperçu un navire en difficulté et des fusées de détresse. Gill en est certain, ce navire était le Titanic et se trouvait à moins de 20 miles. Gill a reçu une forte somme d’argent pour cette interview, aussi Smith décide-t-il de l’interroger pour démêler le vrai du faux. Le capitaine du Californian, Stanley Lord, rapporte cependant une version différente des faits. Le Titanic se trouvait, d’après les relevés de position, à un peu plus de 19 miles, et donc hors de vue. Cependant, un autre navire, de petite taille a été aperçu à quelque quatre miles avant de disparaître vers le sud-ouest. Selon Lord, un autre navire se trouvait entre les deux : c’est celui-ci qu’a aperçu Gill, et vers lequel se sont dirigés les naufragés. Smith, cependant, n’étudie pas cette piste, et considère que le Californian aurait dû bouger et aurait pu sauver nombre de vies. Interrogé par la commission britannique, Lord insiste sur un autre point : les fusées que ses officiers ont aperçu ne répondaient pas aux codes de détresse habituels et auraient plutôt été utilisées pour signaler que le navire était immobilisé par le glaces. La commission britannique attaque cependant Lord, et le considère comme l’un des fautifs de l’histoire. Selon elle, les deux navires n’étaient séparés que par une dizaine de miles, et le Californian aurait pu sauver de nombreuses vies, sinon toutes.
Des années durant « Lordistes » et « anti-Lordistes » s’opposent, et ce même bien après la mort du capitaine, dont la réputation et la carrière ont été ruinées par l’affaire. En 1985, l’épave du Titanic est découverte, ce qui permet d’établir que la position signalée dans les messages de détresse était erronée, et que le Californian se trouvait plus loin que ce qui était jusque-là admis. Sept ans plus tard, Lord est officiellement réhabilité : même s’il était immédiatement parti au secours du paquebot, il ne l’aurait pas atteint à temps. Le navire mystérieux aperçu par les témoins continue à intriguer. En 1962, un membre de l’équipage du Samson a déclaré que son navire était proche des lieux du drame et n’avait pas répondu aux fusées car il pensait pêcher dans une zone où cela était illégal, mais ce témoignage prête à débat.
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