Titanic: Un intérêt politique
Pour chaque commission d’enquête, des intérêts politiques s’ajoutent rapidement à la simple recherche des causes du naufrage du Titanic et des moyens d’y remédier. Le sénateur Smith est en effet un grand opposant aux trusts, en particulier à John Pierpont Morgan, propriétaire du navire. Si celui-ci n’apparaît pas en personne dans les commissions, il est attaqué par le biais de l’IMM Co. et de son président Joseph Bruce Ismay. Celui-ci doit par ailleurs subir rapidement la rancune du public américain poussé par la presse. Le magnat William Randolph Hearst, qui lui en veut personnellement depuis plusieurs années lance en effet une virulente campagne à son encontre, l’accusant d’avoir poussé le commandant à accroître la vitesse du navire et de n’avoir pas su mourir en héros comme tant d’autres. Ces arguments sont repris par Smith, qui tente en vain de faire reconnaître à Ismay qu’il a influencé la vitesse du navire. Cet acharnement contre Ismay reçoit une vive opposition au Royaume-Uni, où les journaux s’offusquent du comportement de la commission à son égard, et publient des témoignages en sa faveur.
Par ailleurs, les deux commissions évitent de parler de certains sujets. La commission sénatoriale américaine ne s’attarde ainsi pas sur le fait des grilles qui auraient emprisonné les passagers de troisième classe. Bien qu’il soit certain que les passagers de troisième classe n’ont pas été enfermés pour réserver l’accès aux canots aux classes supérieures, les grilles les séparant en temps normal des autres classes n’ont pas toutes été ouvertes, rendant l’accès aux ponts des embarcations plus difficile. Ces grilles répondaient à une demande des autorités sanitaires américaine, et si Smith esquive le sujet, c’est pour ne pas rendre la loi de son pays responsable d’une partie du drame.
La commission britannique n’est pas exempte de reproches, et évite de s’attarder sur le rôle joué par le manque de canots, dû au Board of Trade. De même, la White Star Line n’est en aucun cas blâmée pour le naufrage, afin de ne pas pénaliser la marine britannique et laisser le champ libre à l’Allemagne et à la France. Aucune charge n’est finalement retenue contre Ismay, qui voit cependant sa réputation définitivement entachée et doit renoncer à son poste. De même, si la vitesse du Titanic est jugée excessive, le commandant Edward Smith n’est pas rendu coupable du drame, car il s’est conformé aux pratiques de l’époque Les époux Duff Gordon ne sont pas non plus attaqués, et les commissions concluent que les passagers de troisième classe n’ont pas subi de discrimination.
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