Titanic: Michel Navratil
réscapé du Titanic:
Michel Navratil père, né en 1880 à Szered, ville de Hongrie à l’époque mais de Slovaquie aujourd’hui, émigra en France, en 1902. Il s’installa à Nice où il devint tailleur et ouvrit une boutique.
C’est en 1907 qu’il épousa à Londres Marcelle Caretto d’origine italienne mais née à Buenos Aires (ils ne purent se marier à Nice car ils ne possédaient pas de certificats de naissance). Ils eurent 2 enfants: Michel (dit « Lolo ») né en 1909 et Edmond (dit « Momon ») né en 1910.
En 1912, ses affaires de tailleur ayant périclité et ayant appris que son épouse avait une liaison, Michel Navratil décida de se séparer d’elle. La garde des enfants fut alors confiée à leur mère.
Alors que ses 2 fils étaient avec lui pour le week-end de Pâques 1912, il décida de les soustraire à l’emprise maternelle et de les emmener avec lui en Amérique où, attiré par les perspectives offertes par le Nouveau Monde, il avait l’intention de s’établir.
Après avoir gagné Calais par le train, ils embarquèrent pour Douvres à bord du Fécamp, joignirent Londres par train-express d’où ils prirent le train-paquebot pour Southampton afin d’embarquer sur le Titanic.
Michel Navratil voyageait avec un passeport au nom de Louis Michel Hoffmann, qu’il avait emprunté à l’un de ses employés, premier tailleur.
A bord du Titanic où il occupait une cabine de 2ème classe, il laissa croire à compagnons de voyage que « Mrs Hoffmann » était décédée et ne laissa que rarement ses garçons hors de vue. Sans le laisser paraître, il était rongé par les remords.
Michel Navratil raconte le voyage … « Un navire magnifique! … Je me rappelle avoir regardé le long de la coque; le bateau avait l’air splendide. mon frère et moi jouions sur le pont arrière et nous frissonnions rien que de nous trouver là. Un matin, mon père, mon frère et moi mangions des oeufs dans la salle à manger de 2ème classe. La mer était fantastique. J’éprouvais une sensation de bien-être total et absolu ».
Il décrit les événements de la nuit du naufrage du Titanic:
« Mon père entra dans notre cabine pendant que nous dormions. Il m’habilla très chaudement et me prit dans ses bras. Un homme que je ne connaissais pas fit de même avec mon frère. Quand j’y pense maintenant, je suis très ému. Ils savaient qu’ils allaient mourir ».
Les garçons furent montés jusqu’au pont des embarcations où on les plaça dans le radeau D, le dernier canot de sauvetage du Titanic à être mis à la mer. Michel Jr se souvient que, juste avant qu’on le mette dans le radeau, son père lui donna un dernier message: « Mon enfant, quand ta mère viendra te chercher, comme elle le fera sûrement, dis lui que je l’ai aimée tendrement et que je l’aime encore. Dis lui que j’espérais qu’elle nous suive, pour que nous vivions heureux tous ensemble dans la paix et la liberté du Nouveau Monde ».
« Je ne me souviens pas d’avoir eu peur. Je me rappelle la joie, vraiment, de faire plop! dans le canot de sauvetage. Nous aboutîmes près de la fille d’un banquier américain qui essayait de sauver son chien. Personne ne s’y opposa. Sur le navire, il y avait de grandes différences de ressources entre les gens, et je réalisai plus tard que, si nous n’avions pas été en 2ème classe, nous serions morts. Les gens qui s’en sortaient vivants trichaient souvent ou étaient agressifs, les honnêtes gens n’avaient pas la moindre chance ».
« Nous tournions le dos au Titanic. Le matin suivant, je vis le Carpathia à l’horizon. Je fus hissé à bord dans un sac de toile. Je pensais qu’il était extrêmement incorrect de se trouver dans un sac de toile! ».
Michel Navratil père avait péri dans le naufrage. Son corps fut retrouvé 5 jours plus tard par le Mackay-Bennett et on découvrit un révolver chargé dans l’une de ses poches.
A bord du Carpathia, les garçons, incapables de parler anglais, furent surnommés « Les Orphelins du Titanic« , quand il fut établi qu’ils étaient les seuls enfants à n’avoir pas été réclamés par un adulte. Ils ne connaissaient que leurs prénoms « Lolo » et « Momon » et on crut que « Lolo » était le diminutif de « Louis ». « Lolo », qui avait fait preuve d’une conduite courageuse et exemplaire, fut décoré d’une médaille par le Commandant Rostron du Carpathia qui lui dit solennellement « Lolo, je te décore de la médaille du courage! N’oublie jamais que tu dois en rester digne! ».
La survivante de 1ère Classe, Miss Margaret Hays, qui avait fondé et dirigeait un orphelinat, se proposa de s’occuper d’eux à son domicile de New York jusqu’à ce que des membres de la famille soient contactés, mais elle fit la connaissance, sur le Carpathia, de Mrs Eleanor Widener, elle aussi rescapée de 1ère Classe, qui proposa qu’ils soient recueillis par sa nièce, Mrs Tyler, qui habitait Boston, parlait français et aimait beaucoup la France. Les enfants séjournèrent ainsi 2 ou 3 jours chez Miss Hays et 3 semaines chez Mrs Tyler.
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